Démarche plasticienne


Christelle Pauget

   
 

 

Jeux de lumières

 

Fleurs en lumières

 

Photographies luminoperceptives

 

Photographies et lumières

 

Eaux

 

Végétaux et glace

 

Autre travaux

 

Breves photos_C.Pauget

 

 

 

   

 

C'est avec un œil et un esprit de photographe plasticienne que je déclenche le bouton de mon appareil numérique. Dans cette approche, il n'y a aucune prétention technicienne à l'usage du boitier et de ses objectifs, d'une recherche d'image reportage ou "artistique". La maîtrise de l'objet et du sujet est soumise à ma perception appréhendée, conçue ou vécue d'un monde bien réel. Ces photographies, dans leur représentation du visible et de l’invisible, sont à la fois perception, impression, sensation. Par l'intermédiaire d'un jeu avec l’espace, le temps, les couleurs, les lumières, les matières, mon œil intimiste capte la relation de la lumière et de l’objet, intercepte la quintessence, pour délivrer une image où l’affect l’emporte sur la figure. Cette pratique de la photographie est une occasion de représentation esthétique personnelle, souvent proche de l'art pictural. Par sensibilité avec l'art abstrait et l’art contemporain du vitrail, mes photographies plasticiennes sont des compositions qui empruntent à la matérialité picturale et à la luminosité des vitraux, tout en restant des instantanés photographiques. 

Mon attachement et ma connaissance des arts abstraits ont sans doute commencé avec les 1ères œuvres abstraites de mon père à partir de 1989. Je m'enthousiasme pour des peintres que mon père me fait connaître comme Turner, Hartung, Pollock, Riopelle, Soulages, Vieira Da Silva, Zao-wou-ki... Je rencontre Chu teh Chun en 1994 ou 1995 à Vitry-Sur-Seine lors d'une visite d'atelier d'artiste organisée par la bibliothèque municipale Buffon de mon quartier dans le 5ème arrondissement de Paris, sans avoir alors connaissance de la notoriété de ce peintre chinois. En 1991, mon père crée ses 1ers vitraux abstraits pour la petite Eglise de Meillier-Fontaine dans les Ardennes, commune où il a son atelier d'artiste. Mais c'est à partir de 2006 que je découvre et commence à m'intéresser aux vitraux contemporains.

Mes 1ères photographies plasticiennes de 2004-2005, série de roses mêlées, série de papiers déchirés, série de décors mêlés, sont ce que je nomme alors des photographies créatives abstraites. Il s'agit là d'un travail provenant de ma prise en main du logiciel Photoshop et de ses possibilités, et du mélange de mes photographies de roses, de décors et de mes photographies des tableaux abstraits de mon père. Je débute là ce qui est de l'ordre d'un profond désir de ne plus être seulement spectatrice mais créatrice, en alliant mes compétences et mes goûts esthétiques. A travers cette expérience, la photographie s'est révélée pour moi le moyen de satisfaire ces deux nécessités.

Consciente de devoir m'abstraire du lien affectif avec le travail de mon père et affirmer ma propre voie artistique, je réalise en 2005 mes 1ères photographies de Flous de paysages de mer que je nomme maintenant "Evanescences nocturnes sur mer", Photographies lumino-perceptives. C'est en 2008, en voulant écrire pour expliquer ma démarche jusque là sensorielle et intuitive que je prends conscience de l'influence des peintres qui me sont chers comme Monet, Turner et Whistler. Il me paraît alors évident que ces photographies réalisées chaque année dans le même paysage de Bretagne sont à la fois photographie et peinture.

Je poursuis ma quête personnelle en 2006, en réalisant mes 1ères macrographies de lumières "Jeux de lumières", des Lumino-chroma-graphies. Après m'être rendue en 2008 au Centre international du vitrail à Chartres, j'étends mes connaissances de l'art contemporain du vitrail à travers les ouvrages consacrés et des visites de lieux de spiritualités aux vitraux abstraits. Je prends connaissance du fait que la plupart des peintres de l'abstraction se sont aussi osés à la création de l’art de la lumière : Bazaine, Bissière, Comment, Debré, Estève, Le Moal, Manessier, Sima, Soulages, Vieira Da Silva.... Là encore ma fascination pour cet art du vitrail me conduit à regarder mon travail photographique dans cette proximité. 

 

Mes photographies plasticiennes inspirées de l'abstraction, des lumières, des couleurs ne pouvaient que trouver le parallèle avec les arts du regard que sont la peinture et le vitrail. Mais c'est rétrospectivement que j'ai perçu et compris que celles-ci prenaient également la dimension  d'un hommage, un éloge à ce qui me procure des émotions esthétiques. Je parviens sans pinceaux, ni verres ou matières synthétiques à un résultat qui m'est propre, qui me parle et me touche en ayant l'impression, le sentiment de voir et présenter ce que d'autres artistes admirés ont su voir.

 © août 2009

 

 

 

 Jeux de lumières

Dans mes macrographies de lumières, mes "Lumino-chroma-graphies", la mise en scène d’une rencontre entre des lumières colorées et des surfaces transparentes et réfléchissantes, fait interagir les couleurs entre elles et révéler les effets de matière. Par l'œil de l'objectif, mon œil s’immisce et saisit l’imperceptible attrait coloré, dans un espace temps où tout est autre instantanément. 

 

Parce que la photographie est lumière, couleur, mouvement, je photographie dans l’avènement même à l’image, sans condition de représentation, la révélation des qualités plastiques de la lumière. La teinte, la luminosité, la saturation des couleurs surgissent avec des formes et une force étonnantes. Ces photographies aux tonalités variées subliment l’intensité et la densité de couleurs émanantes, irradiantes, concentrées ou diffuses, rendent la fugacité des mouvements par des halos, des faisceaux, et la subtilité des textures par des stries, des voiles, des glacis, des flous, de la netteté… Dans celles-ci, les objets agencés sont approchés avec l'harmonie d'un champ sensoriel ouvert, à la fois substantielle et émotionnelle, et qui jouxte avec l’imprévisible. 

 

Mes macrographies de lumières sont aussi intitulées "Lumino-chroma-graphies" pour exprimer le fait que dans mes prises de vue j'essaie de faire advenir une image par la lumière pour un effet graphique proche de la peinture et du vitrail. Tel les peintres je cherche à peindre la lumière, tel les vitraillistes à ce que les couleurs illuminées par une lumière traverssante puisse refléter quelque chose de tamisé ou d'éclatant. Mes photographies jouent avec les lumières colorées pour créer des peintures aux couleurs lumineuses. Ce sont des peintures-vitraux instantanés.

© juin 2008

 

 

Photographies luminoperceptives

C'est lors de mes vacances en Bretagne en août 2005, que ma 1ère série de photographies "Lumino-perceptives" a débuté. Devant la mer, le phare, les barques, mon œil chaque soir contemplait ces instants animés où le soleil disparaît si vite et si incroyablement. De la lumière et ses dégradés de couleurs, si douce et si violente, si irradiante, si aveuglante, successivement ou subrepticement, au bleu-gris des nuages vaporeux et au ciel noirci jusqu'au noir où se distingue encore des silhouettes, et noir total, c'est une succession d’images qui défilent. C'est une multitude de couleurs et de reflets entre le ciel, la mer et le soleil, un afflux d'impressions visuelles. L’œil se fige et se mobilise. L’œil ne quitte pas cette vue et suit ce mouvement. L’œil s’excite et s’endort. Le temps d’un crépuscule.

Dans un espace temps rapide, tout s’accélère soudainement, de l’extase au néant. Quand il ne reste plus rien à voir, l’œil reste ébloui, en émoi, et c’est un ensemble confus d’images qui envahit l’esprit. Ces souvenirs du paysage et de ses éléments qui ont pu apparaître grands et proches un instant et petits et lointains à un autre, s’entremêlent, se superposent et s'immobilisent dans un ravissement émotionnel.   

J’aime l’idée de ne pas réduire la beauté d’un couché de soleil qui est succession, à une image unique et figée. Mes photographies "Lumino-perceptives" ne représentent pas une vision mais dessinent un flot de visions, une atmosphère. Le flou de ces photographies retrace la cadence d’explosion des lumières et traduit le trouble des sentiments.

 

Les impressions de couleurs et de factures que j'ai crées dans mes photographies "Lumino-perceptives" de soleil tombant dans la mer bretonne, me procurent une satisfaction esthétique et émotionnelle assez similaire à celle que j'éprouve en contemplant certaines oeuvres de maîtres tels que Turner avec ses représentations des forces naturelles (tempêtes de mer, bourrasques de vent, averses de pluie, soleil éblouissant…), de Whistler dans ses Nocturnes (dans lesquelles brouillard, fumée, pénombre sur la Tamise dans l’environnement industriel pollué de Chelsea, créent l’atmosphère de cette peinture esthétique), et également des séries de lumières variantes de Monet (Les meules, le Parlement, les Matinées sur la Seine, les vues de la Tamise à Londres).

Comme Turner, Whistler, Monet l’ont fait en peinture chacun à leur manière avec des effets, la photographie peut rendre l’impression de nos perceptions. Je ne prends pas en photo des objets mais un sujet : la perception d’un moment, des formes qui se noient entre elles comme le soleil se noie dans la mer, la quintessence d’une beauté sublime. Les couleurs se côtoient confusément, les contours se diluent, les objets s'agrandissent, se rétrécissent, se dissipent, quand la nuit s’accentue (quand la nuit se fait nuit). La lumière évanouissante laisse une impression de perceptions confuses d’un spectacle presque irréel, d’un moment étrange, où éclat et opacité se succèdent dans un laps de temps rapide. Mais le lieu reste reconnaissable. La semi obscurité voile, déforme mais ne cache pas.

 

La relation de la peinture à la photographie montre combien tout raisonnement par la dualité, crée de fausses oppositions et de faux débats. L’opposition de la peinture et de la photographie à une époque, en leur attribuant des rôles différents, a généré cette question : la photographie est-elle un art ? et pour elle la nécessité de justifier cette prétention. L’opposition au XXème siècle entre art figuratif et art abstrait, comme deux entités distinctes, a amené l’interrogation au XXIème siècle de la fin de l’art abstrait alors même tout art est abstrait à partir du simple fait de ne pas être une copie exacte de réel. L’abstraction n’est que la libération du figuratif, comme l’art est une libération de la sensibilité. Si l’art est une création de l’artiste, l’abstraction est un phénomène naturel. L’artiste par sa faculté de savoir regarder et de toujours vouloir imiter ce qui est beau, observe la nature et ses couleurs. La nature ne dissimule rien de ses charmes végétal, animal(...) de la variété de couleurs harmonieusement disposées les unes avec les autres, à celui qui s’approche. Les poissons multicolores, les papillons, les feuilles chamarrées des arbres, les roches bigarrées (…) n’auront-ils plus d’attrait à nos yeux un jour ?

La nature n'a pas à rendre de comptes. L’inconvénient de l’art par rapport à la nature est que l’homme peut s’exprimer, et l’artiste s’expliquer. De cette habileté à faire rêver les couleurs peut dépendre sa valeur artistique. 

© avril 2008

 

 

Dans la pratique de la photographie, et cela est d'autant plus visible en macrophotographie, la lumière qui se diffuse, se réfléchit, se colorie n’est pas restrictivement un élément essentiel pour le photographe mais peut également être par elle-même image abstraite photographiée et photographique. Dans une telle perspective plastique au plus près des objets mis en lumière, le sujet n’est plus l’objet support de la photographie mais une manière de percevoir.

 

Que ce soit dans mes jeux de lumières colorées, dans mes macros ou dans mes flous de paysages, ce qui m’importe n’est pas l’objet photographié mais que ce qui fait l’essence de la photographie soit préservée et même mis en avant : les lumières, l’éclairage, le cadrage, le flou et la netteté, le mouvement… Cette liberté photographique par rapport au sujet-objet et à la perfection technique est créatrice.

© mars 2008

 

 

 

Eaux  Végétaux et glace

Ma pratique de la photographie a commencé lors de mes voyages. Mes photographies étaient alors celle du reportage, du souvenir. Puis à partir de 2004, c'est la photographie d’œuvres d’art, celles de mon père, artiste peintre et sculpteur pour son site internet. Dans une certaine continuité avec l'œuvre abstraite de mon père, avec ma culture artistique et mon regard critique acquis lors de mes études de philosophie, je me suis intéressée à  diriger mon appareil numérique vers ce qui est visible sans l’être toujours. S’approcher au plus près pour découvrir les objets non plus dans leur globalité, leur apparence sensible et reconnaissable mais dans une contingence dévoilant une réalité souvent imperceptible. C’est à l’occasion de ce contact intime et unique au plus près des objets que se découvrent une autre perception des choses, des phénomènes qui s’offrent en tant que forces.

 

Les éléments que sont l’eau, le feu, l’air, la terre ont l’attrait d’avoir une valeur vitale et une valeur esthétique immédiate. L’eau, ruisselle, ricoche ; le feu, danse, crépite ; le vent, souffle, tourbillonne...Toute cette énergie vibre d’une multitude de couleurs au contact du monde environnant : roches, feuilles, bois... Les forces naturelles de l’eau et leurs reflets, de l’air, du soleil sont mon inspiration.

 

J’ai ce regard photographique des artistes abstraits qui s'expriment à travers la peinture, la sculpture, les vitraux... Je pense à cette abstraction qui est paysage, voyage, émotion, sublimation, à ces artistes proches de la nature et de la lumière comme Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun, Wang Yan Cheng ; Hartung ; Soulages, Bazaine, Olivier Debré… A ces arts, la photographie n'a rien à envier, elle recèle également les mêmes possibilités artistiques, et peut même être pour ceux-ci révélatrice d'une perception non fantasmée mais à peine visible et représentée par les artistes. Loin de penser que l’abstraction est dépassée en art, la photographie au contraire en atteste la réalité existentielle. L'abstraction est une perception qui dévoile une esthétique non pragmatique et usuelle des choses, et pénètre certains phénomènes, comme la lumière qui nous permet de voir parfois sans voir, et les couleurs que nous nous représentons sans qu'elles existent physiquement..

© mars 2008

 

 

Autre travaux

A prendre les tableaux de mon père en photographie,

j’ai voulu un jour les mettre en photographie.

 

Fille de peintre, la fréquentation de la couleur, des formes, de la matière des peintures abstraites de mon père me porte naturellement vers une photographie abstraite, vers la macrophotographie et la photographie rapprochée (voir galeries macro). Des compositions qui nous transportent dans un autre monde de sensations, loin de nos perceptions habituelles.  Détails des textures, association des couleurs, flous contrôlés et colorés du fond d'image, se coupant de la réalité du sujet pour n'en conserver que l'essentiel : les couleurs, les  formes, les motifs, les textures.

Dans ma recherche des sujets à photographier, à l’affût d’une ambiance, d’une impression, dans la sélection des meilleurs éléments pour en faire des tableaux colorés, il m’est apparu tout naturellement que je pouvais jouer avec ce que j’admirais le plus.  Les tableaux empruntés sont successivement ou alternativement, recadrés, mélangés à des photographies numériques et travaillés à l'aide de logiciels.  

Ma démarche créatrice consiste non pas à réaliser des œuvres picturales à partir de photographies mais à emprunter ces peintures abstraites pour recréer une œuvre mêlée pour laquelle la matière picturale n’est pas qu'un support adéquat  ou un arrière plan de choix mais un lien intime. La co-existence des deux arts reste toujours reconnaissable dans ce travail et donne à la photographie une certaine matérialité.

 

© 2005

 

 

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